jeudi

EN VrAc:
***CouPs de fOLiE **briNs d eNvIe ** bRideS dE viE ***

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Archéologie

Des milliards d’histoires personnelles.
Chacun est occupé à extraire ses propres vestiges en un long et difficile chantier.

Fouiller dans son archéologie, trouver les fondations qui articulent ce que nous sommes.
Laisser enfouies les reliques qui…
Et exhumer les précieuses boites de nos vies.

Les instantanés, ces images qui s’effacent et réécrivent nos palimpsestes intimes.
Multiples nervures, arborescences fascinantes, flux d’humains enchaînés par un même et si court souffle.

Et sa propre mythologie.


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Mots meurtriers

Il y a un an je suis morte moi aussi.


Tu t'es barrée en juillet. Quel jour déjà ? J'en sais foutrement rien. Je ne sais plus. Je ne sais plus.J'ai enterré tant de choses cette foutue année. Je n'arrive toujours pas à effacer ton putain de numéro de portable. Pas tout à fait folle pour le composer, pas tout à fait résignée pour le supprimer.

Quel jour tu t'es giclée ? Quel jour déjà ?Dis-moi.Combien de cris. Combien de cris. Et cette rage qui me bouffe la tête encore aujourd'hui, hier, ce soir, demain, combien de temps encore ? Je ne suis plus tout à fait moi. Emmurée, j'ai muté,cramé. Je crois que je n'aime plus juillet. Bête enragée, traquée par ton absence, perdue dans les couleurs et la terre. Souvent je t'ai cherchée dans les rues de Paris, parmi les autres, une silhouette, une chevelure, un rire, des yeux. Obsession. Tu as fait de moi une morte vivante depuis Juillet.
Mois d'insomnies,premières rides de vie, les rouges que je fume à en saigner, les questions qui tournent sans cesse. Armées d'aiguilles qui tricotent des points d'interrogation.Dans la terre je creuse ton visage, mon visage.Fixer les traits.

Je t'ai écrit une lettre cet hiver. Tu ne m'as pas répondu...:

« A donf ! » je te disais. « Il faut vivre à donf ! ».
« Rien à foutre du qu'en dira t-on, agrippe tes rêves, vis ta folie ! »
La vie est partie, chassée par ta folie.

Pour d'obscures raisons, tu te perdais en éloges sur ma boulimie de vie et la régularité de mes traits. Moi, ton Idole. Tu voulais briller. Tu me voulais spectatrice unique de ta réussite : séance privée, invitation VIP, loge d'honneur de ton succès. Tes papiers t'avaient rendue célèbre, les charognards en mal d'identité s'arrachaient tes livres par milliers. Tu le jurais.
Enfin je pourrai à mon tour t'admirer...Tu l'espérais.

Sombres connes.

Tes mots.Tes maux que je n'ai pas su déchiffrer, écriture champollionesque asphyxiée par tes délires synesthésiques et schizophréniques. Tes papiers virevoltaient telles des guêpes sans ailes pour s'échouer dans les méandres de tes phantasmes.Glacée, je te disais : « Sandrine, tout ça n'est pas réel. C'est dans ta tête ».

Pauvre folle.
Cannibale de ta propre vie.

Soudain tu me haïssais, tu crachais que j'avais changé, que mon cœur était creux et sec. Que j'étais vulgaire et dégénérée, moi, ton icône déchue, avilie par le lit des hommes.
Me désirais-tu ?


Alors, à tous, j'ai hurlé : « Elle est folle ! S'il vous plait ! Elle est en danger ! Sauvez-la ! » . Ma voix a détruit ce jour ton paradis rêvé et laissé échapper aux yeux de tous les blattes infectes de ton cerveau malade. J'ai jeté ton masque aux fauves sanguinaires de réalité.Tous m'ont condamnée : « Chut ! Tu mens ! ».Forcément. Dans l'arène ils m'ont jetée. J'avais sali leur Reine.Dans la fosse je t'ai précipitée. Traîtresse que je suis.Mauvais public de ton roman.

Le pus de mes remords suinte dans cette gorge qui t'a tuée. Car la machine infâme avait pris place et s'emballait perfidement, écrasant un à un les dominos de ton esprit et de tes vies.
Quand le bois qui te portait s'est enfoncé dans la terre, aucun ne m'a fixée.
Mes yeux criaient sourdement : « Assassins ! ».
Vain oxymore, puisque nous tous, juges et coupables.


Verrou sur ma douleur.

Sur ce lit, à l'aube, tu crèves, diaphane, les cheveux collés de ta sueur aigre. La chimie et l'alcool serpentent doucereusement dans ton sang tiède. Quelques veines tressautent.
Après, ton corps est froid. Les chairs pourries, bouffées par les grouillants, transpercées par les racines. Triste rutabaga desséché. N'aie pas peur. J'ai cuisiné une tarte à l'ail pour repousser les vampires, les zombies et les fauves. Ne tremble pas.Je pose une bouillotte sur ta poitrine, là, tout près de ton cœur. Tu veux écrire ? Donne-moi ta main que je la réchauffe. Tu ne parviens pas à achever ton texte ? Signe-le simplement, morte vivante, et souffle-moi un peu de ton encre pour tacher le blanc du papier.

Je leur dirai à tous que tu avais du talent et que tes maux me font toujours pleurer. »

Ma Morte, je t'enterre pour de bon.
Août.Bientôt,


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Tentative d'Haïku :
" Au boulot, l’écran de l’ordinateur me regarde.Je serre les dents à défaut de lui claquer sa gueule."




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La veste gris-chiné

Station Parmentier. Un pauvre type est monté, engoncé dans sa veste gris-chiné toute rapée. La cinquantaine cruelle.

Clac des portes.

J'ai pensé: "Encore un type dans la déche..".
Chasser la pensée.Vite.Apprendre à cloisonner ses émotions.Ne pas céder à l'empathie, sinon souffrir.


Focus: debout derrière lui, un colosse excentrique avec une queue de cheval incongrue et un grand chapeau noir. Caricature: je l'imagine Corse revendicatif, sympathisant anti OGM, gourmet averti à la Veyrat. L'association de ces deux terriens m'amuse. Ils me tournent le dos.
Soudain un chant s'élève: «Adieu Monsieur le Professeur».La voix est forte,fausse, cassée.

C'est l'homme au grand chapeau qui pousse la chansonnette.
Forcément.

Je pouffe de rire avec mon voisin de voyage. Tellement drôle et gonflé! J'hésite à me retourner et à sortir la caméra, envie de voler cet instant magique. Je savoure.
Station.

Clac des portes.

Je descends.Un volte face: une simple photographie des yeux.
L'homme au chapeau noir ne chante pas. Son visage est fermé. Comme tous les autres.
Masse muette. Inquiète.
Tapie derrière, une ombre s'égosille. Un râle rauque, le cri à la vie d'une veste gris-chiné, gagne-misère d'un petit homme ignoré.


Les proportions qui s'emmêlent, les distances qui s'effondrent. Et cette honte qui vous étouffe, ce sang qui reflue dans vos tempes,votre propre bêtise qui vous crache à la gueule et fait exploser les particules de votre soit-disant bienveillance.

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Le coeur des Hommes, le cul des Femmes

Homme.
Envie de toi. Homme.
Nu tiède, cœur chaud, esprit fin.
Homme.
Nulle part je ne te vois.
Les jours se lassent, les corps se ferment de l'absence.
Envie de clichés. Matins coquins, nuits joueuses, midis câlins.
Muscs intimes, mêlés.

Comment font–elles, ces femmes qui aiment avec la facilité des enfants, ces sœurs qui passent de bras en bras, plèvres et lèvres ouvertes?
Aiment-elles vraiment ?

Homme.
Souvent je te fuis.
Je ne te cherche pas, je ne t'attends peut-être même pas.
Si tu viens à moi, crois-tu que je te reconnaîtrai?

UPDATE dans la journée:

En tout cas, les gros nazes bien débiles aux neurones atrophiés, je les reconnais, y'a pas à tortiller!!
Parmentier, vers 18 heures: "
Hé! Tu viens avec moi faire des cochonneries ? "
Pauv' tâche va! Ouais, c'est ça, on va en faire des cochonneries avec ta tête de gruik! Du pâté Hénaff oui! Connard! Et puis alors c'est marrant ça, suffit que vous sortiez la jupe pour qu'on vous dise bonjour dans le métro. Ça me fait penser à une amie
qui, agacée, avait rétorqué à un Aldo bien lourdingue qui voulait lui porter sa valise :
"
Et si j'étais vieille et moche, tu m'la porterais ma valise connard ? ".

C'est vrai ça, non?

Y'a des mecs, c'est comme les bulots: c'est gluand et ça passe l'envie de faire monter mayonnaise.Pfff.
Et voilà, je veux être poétique, y croire encore, mais y 'a toujours une tarte aux hormones pour me rappeler que beaucoup de mecs ont l'esprit aussi fin qu'une endive au jambon.

Marre tiens.
Je rentre dans mon bocal de formol. :-)




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Terre

Je pense pigment, matière, terre. Parvenir à se détacher du quotidien pour un duel avec l’argile. Ces nuits où je lutte avec le sommeil, mue par la volonté de créer.

Et puis rien.

Car l’heure du réveil approche et les impératifs du quotidien s’imposent. Etre en forme pour travailler. Gagner du temps, toujours et encore.

Les croquis et les mots s’entrechoquent dans mon petit carnet. Avortement d’idées.
Envie de jaune sable, d’ocre et de patine qui glissent sous les doigts. Besoin de toucher le froid d’un marbre.

Blanc zébré, le marbre.

Ou bien encore, glisser ma main sur le grain de ce mur de métro en travaux, sentir l'humide, le compact, le terreux.Et ces pierres odorantes de cave ou d’église. Souvent aussi, cette envie irrésistible d’effleurer les cheveux dans le bus. A deux doigts de ces mèches hétéroclites, matières vaporeuses, lisses, cotonneuses, rebelles, denses, bouclées, timides, sèches, libres.

J’ai cette amie nigériane : j’aime faire rebondir lentement ma paume sur sa chevelure d'ébène, en sentir la résistance, le ressort.
Et cette fille dans le bus aujourd’hui : un blond frisé très épais, mi-long. Atypique et probablement naturel. A vue, j’évalue le poids de sa chevelure en entier.

Et je marche la nuit dans le noir, voir les choses avec mes mains.


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Elle t'a niqué ta concubine.17 fois.

Martèle la mémoire. 3 heures, 4 heures, 5 heures la nuit. Dans le silence de mes draps.
Et puis parfois à midi aussi.

Pique la veine. Pique. Il reste une pièce de peau, là, ne vois-tu pas?
Morphine, ta belle chérie. Elles t'usent au sang tes petites chéries:Cocaïne, Héroïne, Méthadone, Morphine.

La voilà ta nouvelle concubine. Morphine.

Tu cries, tu supplies: « N'entre pas, je ne veux pas que tu me vois comme ça!». Je fonce, petite crétine suffisante. La morale, je la connais moi. Les bons mots je les maîtrise, moi. Toujours été douée pour les grands discours pissants de bons sentiments, j'ai l'écoute rassurante. La haine elle coule sur moi, elle se liquéfie.


«Qu'est-ce qu'elle fait cette autre pute chez toi, celle qui bouge son cul pour les mecs comme toi? Elle prend combien? C'est ta femme? Ok. Elle te suce gratos au moins?»
Ils défilent chez toi les amis. Ils restent jamais bien longtemps, pourquoi? Explique-moi, je décode pas. Moi je savais pas que les cochons ça bouffe les macchabées, pfuit, disparus les os et les dents. Contrat sans traces. Jambon purée, toujours une arrière pensée. Shoot en pleine gueule.

Qu'est-ce que je fous là, c'est quoi ce film bordel? Tout ici est tellement hors de moi, de ce que je suis, de ce qu'on m'a appris. A moi, on m'a appris que la vie est pleine de promesses, qu'il faut en jouir au-delà de ses saloperies. Ok, sale pedigree. Ok. Ton père toxico taulard, ta mère ex punk alcolo. Ton père, tu le hais, il aime te tabasser. Ta mère avec ses roulées et ce môme qu'elle sait pas gérer.Et alors? Tire-toi de ce fumier!

Barrez-vous! Vermine puante, barrez-vous d'ici! Elles roulent mes larmes sur ce monde qu'on m'avait caché.
Viens chez moi, on va gérer ce genre de dégâts, viens, je t'emmène loin de ton cloaque à rats.Papa, maman, on va le sortir de là.
Dans cette bagnole, tu trembles, tes veines explosent la faim. Tu veux encore qu'elle te baise ta concubine. Tu te vides, tu dégueules, tu gicles la merde à travers les pores.Tu crèves de froid, tes dents claquent, t'es tordu sur le siège. J'ai mis «Supernature» de Cerrone, je chante pour réchauffer ton froid.

Papa, Maman, je vous laisse pas le choix.Vous le connaissez ce p'tit gars là.

T'as salopé les draps. A ce qui parait, ça fait ça. A table, tu baisses les yeux devant mon père, le seul mec que t'aies craint et respecté dans ta putain de vie. T'aurais voulu être son fils à mon père. Soudain t'en peux plus de ce froid qui monte en toi, de cette pute qui te suce pas. Il faut que tu craches le mal. Le chien est là, à te gratter la main. Tu lui colles ton pied dans le ventre et tu le flanques au mur. Il hurle, il pleure mon chien, j'ai mal pour lui, mal pour toi, mal pour moi, pour nous tous là. Les parents restent mués, dépassés, désarmés, figés dans l'impossible défi que je leur impose: faire décrocher un junkie à la force de l'utopie.


Tu m'as dit: «Il y a une règle, une seule: vendre mais jamais toucher». T'as dérapé, mec. T'as tout niqué. Fallait revoir ton business plan. T'as fauché ton stock. Jamais toucher tu disais. Faire son pognon, son blé, sa tune, son fric, mais jamais toucher. T'as pas géré. T'as sniffé la ligne. Vite tu l'as dépassée.

T'as commencé par quoi? Ah oui, c'est vrai.Des bouts de merde sur un air d'ACDC. Les cours tu les séchais. De toute manière, les profs pouvaient pas te blairer. Ils t'avaient testé, « T'es un surdoué », qu'ils disaient mais un putain d'enfoiré qui voulait pas trimer. Après t'as dû enchaîner les cachets et les petits buvards, c'est comme ça que ça s'est passé?
Viens, on se barre à Londres, on disparaît, j'te laisserai pas crever. Tu m'as dit: «Dans n'importe quel endroit je renouerai.C'est mon milieu,j'en décrocherai jamais».

Silence.

Un an? Deux ans? Trois ans?
Maman m'a appelée ce jour de juin: «Il faut que je te parle de lui. J'ai acheté le journal aujourd'hui».

Fracture.
J'ai hurlé, les spasmes au corps, je te croyais crevé.

Mais c'était pire,plus monstrueux encore. Enfer ici.J'ai peur, je tremble, j'ai froid et toi?

Je te connais. C'est pas toi. Ce vieux, tu l'as pas buté, dis moi que c'est pas vrai, par pitié.

Dix-sept.17 coups.

Nos quinze ans.Je te vois, là, face à moi.La Belle et la Bête qu'on aurait pu nous appeler: toi le paumé, moi la bien élevée, pas peu fière d'avoir apprivoisé la terreur du lycée. On sirote des cocas dans ce petit bar tranquille. Je glisse une pièce dans le jukebox pour relancer pour la troisième fois ce titre de Queen: «Show must go on».

Nos vingt-cinq ans. Je te vois là, en dehors de moi. Tu plonges la lame dix-sept fois. Dix-sept fois. Je l'ai répété, épelé, scandé, combien de fois? Des dizaines, des centaines de fois?

DixseptfoisDixseptfoisDixseptfoisDixseptfoisDixseptfoisDixseptfoisDixseptfois

Nos trente ans.Je ne te vois pas, là-bas. Je ne te vois pas.Ta mère, elle pleure. Il y a longtemps, elle m'a appelée. Elle croit encore que je serai là pour te sauver, moi que tu as toujours aimée. Les hommes je les aime mal, tu sais. Amis, c'est ce qu'on a été. Avant quand tu déconnais je rappliquais. Tu sais, je suis fatiguée, je sais plus aider. Hier j'ai pensé à toi. Avant-hier j'ai pensé à toi. Demain j'ai pensé à toi. Toujours martèle le cortex.
Les gens comme moi me font bien rigoler, les bien pensants, dégoulinants de bons sentiments, qui, parce qu'ils ont lu des livres, débarquent avec leur code de moralité et leurs solutions toutes trouvées.

« Tu viendras témoigner en ma faveur au procès?»
« Bien sûr, je serai là, tu peux compter sur moi»

Vas-y, compte jusqu'à dix sept pour voir, sors ta Gold et tapote mes grammes de courage. T'as rien à sniffer? Vois la belle amie que je suis. Vois la fidèle complice qui te suit. Les lettres, elles pourrissent dans ma tête, moisissent dans mon tiroir.

«Tu sors quand? Dis, tu sors quand? ».Dis-moi que je serai là parce que moi, je ne me crois plus.Tu vois, les belles leçons je les connais, mais je sais plus les réciter.Tout ça roule dans ma tête, la nuit, quand j'attends l'aurore.Bad trip tu sais. On dit toujours qu'on se laissera jamais tomber. C'est mauvais de jurer.

L'autre elle aussi, tu la connais, pendant dix ans elle s'est laissée baiser. Quand j'ai eu dix-sept ans, elle a voulu me dépuceler: «Allez, prends un quart, juste un quart ». Je vous crache à la gueule avec vos putes de cachets. Moi je suis folle sans m'être jamais défoncée. J'aurai toujours des dents pour sourire à mon enterrement. Je me ferai pas bouffer pas les pores.

Parfois, j'en vois, ils gobent, ils reniflent, ils mâchent comme des gorets. Ils te regardent d'un air supérieur, petits vantards so hype, so dirty, avec leurs pupilles dilatées. Toi t'es qu'une nitouche pour eux, une putain de moralisatrice, t'es qu'une idiote car t'as jamais touché.

Je l'ai eu mon trainspotting, mon pote.
Le trip de ma vie on me l'a offert et pourtant je le paye encore, si cher: dix-sept coups de couteau qui n'en finissent pas de s'enfoncer dans ma tête. Ça m'a à demi tuée.
Et ces flash-back d'acide, ils restent là.


Fuck les concubines.



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Affronter, toujours

Argile noire, crue.
Les saveurs du Burkina, du Maroc, du Sénégal, de la Tunisie, de la Réunion, ces terres que j'ai frôlées du coin. Les sourires épicés, café au lait, noir croquant, praline tendre.
Soudain Paris s'efface, je goûte le beurre de karité, emportée par les percussions et les djembés, le chaud du Fanta, l'ocre des pistes sur ma peau, le sable noir, la menthe odorante.
Je danse de tous ces moments. Je suis une zoreille au sang bigarré.

Flash: ce lépreux albinos à Ouagadougou, il tend la main.
Je lis Aimé Césaire.
Fracture.

Regarde-toi, fille qui vend du luxe en flacon. A trop t'observer, tu as vite oublié pourquoi tu crées: être là, en santé, entourée de ceux qui comptent, sourire de l'intérieur aux proches qui sont partis, rester forte et modeler son paradis rêvé.
La mère, en sursis. Le père, enfant de nulle part. Prends leurs forces et danse.

Savoir se donner des claques, au revers. Profiter des particules de bonheur.
Ce soir je me souviens pourquoi je me bats avec le sourire, jusqu'à l'éclat de rire.


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Si j'étais née homme

Si j'étais un mec, je voudrais être une royale MPP!
Une Médaille Prise dans le Poil. Chemise ouverte, chaine en or qui brille!

Si j'étais un mec, je voudrais être un shooter de targets, un vrai killer de poulettes! Un champion du monde qui emballe la dinde sans avoir à casquer les marrons, le sourire ultra brite, le canine ravageuse, la tignasse à la Samson, et l'œil myokymique!
Vous jetez pas sur le Vidal, voici la minute Wikipédia:
«Une myokymie est une sorte de trémulation, tremblement, agitation quasi continuelle d'un muscle ne s'accompagnant pas de déplacement du membre ou d'une partie du membre concerné par la fasciculation»

J'déconne.

Si j'étais un mec, je voudrais être une fille. Je voudrais pas être un mec, parce qu'un mec c'est obligé de passer à la casserole, ça peut pas prétexter le débarquement des Anglais ou le marteau piqueur dans le cervelet!

Je voudrais pas être un mec, parce qu'un mec, ça a toujours des fourmis dans le bras, parce que sa poulette s'en sert comme oreiller et verrouille la tête en bavant dessus.
«Quoi? Quoi? Pourquoi t'as enlevé ton bras?! Tu m'aimes pas, hein c'est ça! Si tu m'aimes paasssss!! ».

Je voudrais pas être un mec, parce qu'un mec, ça peut pas pousser des petits cris hystériques de canari sous ecsta devant la dernière Audi ( à la limite, ça peut pisser de joie sur le parking) alors qu'une poulette, ça peut se rouler par terre et se jeter contre le papier peint devant le dernier gloss Lovamoor.

Je voudrais pas être un mec, parce qu'un mec ça peut pas camoufler le bouton qui tue, sinon il passe pour un chouchou, alors qu'une fille, ça peut sortir l'artillerie de guerre et passer pour une Diva.


Je voudrais pas être un mec, parce qu'un mec, c'est tellement sûr d'être un mec que ça se fait bouffer comme une barquette à la framboise par les poulettes!


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Fille au bord de la crise de nerfs

ou l'art de mettre des avoinées.

J'avais oublié les joies de la collocation. Ca dépasse tout ce que j'ai pu imaginer. On a repoussé les limites....
Il y a deux mois: mon colloc a fait dans la fouille archéologique sur mon PC.

On appelle ça le cadeau de bienvenue. Hippie spirit.. Faites tourner...

AVOINEE NUMBER ONE:
Il y a un mois: mon colloc me laisse sur le palier. Ben ouais, quand on a trois clés, ce qui est hyper poilant, c'est de laisser la troisième clé dans la serrure . Alors après, le jeu c'est de claquer la porte. J'vous jure, c'est mortel drôle. Si si. Mortel. Surtout quand c'est votre unique jour de congé depuis Mathusalem et que vous êtes sortie en Crados chercher le courrier...
«Bonjour Madame, oui, j'habite ici. Si Si...»
«Bonjour Mossieur, heu non, merci j'ai pas faim..»
«Heu Bonjour M'ssieur Dame, heu non,j'ai pas froid, mais merci quand même pour le pull...»

On appelle ça le Survivor citadin.

AVOINEE NUMBER TWO:
Ce qui est encore plus drôle, c'est pas tant de voir son colloc ouvrir la porte à la Mac Gyver, parce que la chose qui vous ferait le plus plaisir au monde à cet instant, c'est de lui planter cette putain de clé dans le cou (ou dans le cul, c'est au choix). Non, le plus poilant, c'est quand il raconte au quartier comment il y est arrivé, à ouvrir cette porte sans clé, démonstration à l'appui...Vous bousculez pas, y aura une autre séance à 14h. Servez-vous! Open bar! Pas de chichis! Tu m‘excuses, mais je crois que je vais scotcher mon PC sur mon bide pour les trois prochaines années...

On appelle ça le Self Service. Vous ne viendrez plus chez nous par hasard.

AVOINEE NUMBER THREE:
Il y a une semaine: mon colloc rencontre un mec dans une soirée. Donc ce mec, on est d'accord,il le connaît depuis une heure. Trois murges plus tard: il lui raconte ma vie, mon blog, mon taf, hauteur au garrot, kilos à la pesée, pedigree,mes ex, mes problèmes de fille et puis surtout, le supplément du chef: ma spécialité à l'horizontal – ah ouais, ben tu me feras un dessin, parce que je connaissais pas! - Enfoiré va.. Manquent juste mon ADN et ma carte vitale.Le mec me contacte et me prend la tête pendant trois jours.

On appelle ça le scan à l'horizontal.

AVOINEE NUMBER FOUR:
Il y a quatre jours: mon colloc rencontre un mec dans un bar, le ramène à l'appart.
«Tu sais, t'es vachement cool comme colloc parce que j'en connais pas beaucoup des nanas qui accepteraient que je ramène un inconnu à la maison!»
«Argggg...Ah parce qu'en fait tu le connais pas ce mec? Tu plaisantes j'imagine, hein? Dis-moi que c'est pour la blague?»
Et ben non, c'était pas pour la blague, même que c'était pas marrant du tout quand le mec a débarqué dans ma chambre pour me prendre la tête:«Je te trouve irrespectueuse, je viens exprès chez toi pour te voir car ton colloc m'a beaucoup parlé de toi (ben tiens, ça sent la spécialité à l'horizontal tout ça, non?) et tu ne m'adresses même pas la parole!».
«Ah ouais? Et ma main dans ta gueule, ça va te parler? Dégage.Et non, j'te fais pas la bise.»

On appelle ça le service après vente. Pas de remboursement et pas de bise.

AVOINEE NUMBER FIVE:
Hier soir. Je rentre du taf. En toute simplicité, le colloc s'est barré, la fenêtre de la cuisine grande ouverte.

On appelle ça une vente flash. Au cas où vous auriez manqué l'atelier serrurerie.

AVOINEE NUMBER SIX:
Mon colloc est charmant, gentil, le cœur sur la main. Vraiment.
Je l'aime tellement que parfois
même, quand je rentre le soir, je coupe l'alimentation de la centrale vapeur après 12h de chauffe, sans broncher.

Je suis mauvaise? Ben oui, je suis mauvaise là, ça m'évite de planter des clés...
J'ai demandé l'avis du paternel aujourd'hui. J'ai eu droit à un fou rire à la Francis Huster dans le diner de cons: «T'aurais trouvé un Champion du monde que ça m'étonnerait pas...»


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L'incohérence d'un monde.Ok.

J'ai pris le métro, des bulles plein la tête, épuisée, dans cet état doucereusement cotonneux qui suit généralement les longues heures d'éveil.Un homme face à moi, la trentaine. Une dizaine de personnes dans le wagon, en ce dimanche matinal. Je m'assoupis, un sifflement pénible dans les oreilles. Je n'y prête pas vraiment attention, je suis simplement très fatiguée.

Soudain,la voix de l'homme face à moi s'élève:
"Excusez-moi, pourriez arrêter de siffler s'il vous plait, c'est très pénible pour tout le monde».Aussi sec, à quelques rangées de nous, un jeune homme se lève menaçant, en hurlant:
"Quoi!! Qu'est –ce que t'as espèce de bâtard! Tu demandes à un mec d'arrêter de siffler dans un lieu public??! Mais t'es un taré toi! Tu demandes à un mec d'arrêter de siffler dans un lieu public! Je fais ce que je veux connard!!»
L'autre homme lui répond, en haussant le ton:
"Mais attendez, ça agace tout le monde votre sifflement là!»
Le jeune homme gesticule, menaçant! «Ah ouais!? T'es pas content connard, viens là je vais te mettre des tartes dans ta gueule!».

Il continue à l'insulter, à vociférer tandis que l'homme assis en face de moi, surpris par cette violence n'arrive plus à rétorquer et pousse des soupirs d'incompréhension.

A cet instant de l'altercation, je m'interroge : je suis partagée, car même si effectivement ce sifflement était très agaçant, je ne trouve pas une réelle légitimité dans la demande du mec en face de moi. Le jeune siffle et alors? C'est plutôt sympathique. Seulement le jeune mec continue à crier de plus belle. Je me sens à mon tour agressée par autant de violence et sans un mot, je fais un geste de la main au jeune, «piano piano» pour lui demander de calmer le jeu.


Mon geste qui se voulait apaisant déclenche un redoublement de violence de la part du jeune qui s'en prend désormais à moi. «Qu'est ce que t'as toi là-bas avec tes airs supérieurs!! Tu te prends pour qui connasse!!?»
Je suis sanguine. La violence chez lui a déclenché la violence chez moi. J'ai hurlé, complètement réveillée: «Oh!! tu vas te calmer!!! Tu me parles pas comme ça!!TOI, tu te prends pour qui? T'es vraiment pas net de crier comme ça du matin dans le métro! On est cool là, c'est dimanche,alors tu te calmes direct!».

Et lui de hurler de plus belle des conneries hystériques. Je commence à me lever, instinctivement, pour l'affronter, face à face, inconsciente, désinhibée par la fatigue. Le mec continue à vociférer, sans que personne d'autre ne bronche. Pas un mot, pas un geste.
Tout en prêtant attention à ne pas utiliser des mots emprunts de vulgarité et voulant sortir du tutoiement dans lequel il m'avait plongée, je lui hurle à nouveau, mot pour mot: «Monsieur, vous êtes un abruti fini! Espèce d'imbécile!».
Il descend à la station, toujours à force de cris et de gesticulations et nous balance: «Allez votez Le Pen!!!»

Je suis scotchée par tant de haine, de bêtise et d'incohérence. Je lui crie: «Mais c'est complètement incohérent! C'est quoi le rapport avec Le Pen là?!!». Je me fais alors la réflexion que ce mec est typé maghrébin. Il descend en furie, tape au carreau derrière moi et crie au mec d'en face: «Toi t'es un sale bâtard, enculé, connard va! » puis me balance: «Et toi t'es une sale pute!! Va voter Le Pen connasse!».

L'échappée courageuse de ce mec ne m'a pas laissé le temps de lui dire que c'est à cause de comportements comme le sien que des gens votent Le Pen.L'énergumène s'enfuit, les gens se lâchent enfin. Une femme voilée me fait un sourire de connivence, perplexe, un black explose d'un rire de pitié, se moquant de la bêtise du jeune mec, tout le monde commence à discuter, soupirer, rire. Le mec assis en face de moi, navré, ouvre les mains et me lâche un merci dans un sourire. On s'échange quelques mots.

Je souris à mon tour, la pression est redescendue et je ferme les yeux, m'assoupissant quelques stations, tout en songeant à ma peau mate qui m'a parfois été reprochée.Un souffle me réveille. L'homme en face de moi a déposé un baiser sur mon oreille et me fait un signe de la main avant de sortir du wagon.

Je suis allée voter aujourd'hui, heureuse d'avoir ma liberté de penser, indépendante des sursauts d'agressivité de certains phénomènes. Jeune homme, si j'ai bien compris tes insultes, tes recommandations politiques, quant-à elles, m'ont échappées.
Et je sifflote sur la bêtise.

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Tâcher les pages de son existence avec ses biles .
Éponger avec une fleur de thé.

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Le sucre de la ciguë

Terre abîmée d'avant, je t'ai retrouvée, en poussière, toute éraflée.
Le tour de toi, crâne fracassé, visage fermé.
Tu n'es pas belle, tu fais semblant de poser.
Poche béante en dedans. Martèle, martèle, le corps ouvert.
Crains, chair d'homme: le sein est plein, la tête tronquée.
Lui, s'il veut te percer, c'est en pleine tête qu'il doit cogner, qu'il t'empiffre avec ses mots.
Caresse la peau de ton encre humide, introduis cette cavité.
Coït verbal.
Tu veux mater la terre fertile? Cette Gaïa est sèche de plèvre.

N'avale pas la ciguë, elle est sucrée.
D'autres avant toi l'ont dégueulée.




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Ne plus savoir écrire, les doigts rongés par les pigments.
Ne plus savoir parler, le verbe étranglé.
Toujours aimer.
Sais-tu encore ce que c'est.
Tu t'endors sur la vague métallique
Tu n'as pas de visage, tu n'as pas de couleur
Tu t'endors sur la vague métallique
Tu creuses un espace entre ton bras et ton cœur
Tu peins ta chair en blanc. Elle se mue en bandes de toiles crues.
Liée, emprisonnée,tu disparais.







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La mare de cassis

Aujourd'hui, c'était congé. Oublié le speed du boulot. Alors me voilà, splendide dans ma tenue des jours vrais: j'ai coupé le téléphone et je bricole sagement, un texte poussif s'accroche au papier, le fusain et les sanguines se languissent.
J'ai soif d'eau qui pétille. Direction la cuisine. J'ouvre le frigo, et là, sans sommation aucune, une bouteille court se fracasser sur le sol. La surprise passée, j'ouvre les yeux: du verre, partout. L'étiquette est humide, l'encre semble fraîche. Le liquide se répand, glisse sur le carrelage.Du sirop de cassis.Je fixe la tâche. C'est idiot, mais je la trouve belle cette tâche, poisseuse avec ses grumeaux de verre. Un éclat, aigu, s'est enfoncé dans le gras de mon pied nu. J'ai mal mais je reste en place, fascinée par cette mare de cassis qui hume fort le sucré et qui colle aux pieds.
Ecoeurante, enivrante.J'ôte hâtivement le bout de verre de la plaie, j'enfile mes sandales et je cours chercher l'appareil photo. Clic Clac. Vite en boite.
Entre temps la mare vivante a dessiné un dinosaure sur le damier. Sourire.
Ça sent l'été, les jeux d'enfants et puis... et puis cette mare au fond du jardin.

Soudain, l'Auvergne de mes six ans, mes huit ans, mes neuf ans.
Mes vingt-neuf ans. C'est l'été. Je suis au fond du jardin de Madame Durantet. Elle est déjà vieille, la voisine. Elle a des canaris qui chantent dans sa cuisine et elle roucoule comme ses oiseaux, Madame Durantet, avec l'accent qu'ont les vieux d'avant.

Ecoute... Ecoute les canaris chanter...Un petit chemin et la mare au fond du jardin. Pataugeoire pour enfants, paradis des grands.
Deux libellules, des jonquilles, mille herbes folles, des petits insectes rouges, les gendarmes, qu'on les appelle, les roses rouges, les roses jaunes, les roses roses, des pétunias, les iris, les crocus, trois taupes, les mûres, les bleuets, les orties, un lapin, des cerises, les capucines, des figues, le cassis... Et aussi le chant strident des grillons, chaudes nuits d'été, les faucheuses, quelques bourdons, des dizaines de moucherons et un seul scarabée mordoré. La canne à pêche de fortune qui titille les grenouilles, d'un débris de bois, la feutrine écarlate piquée tout au bout. Et elles rient les grenouilles! Qu'est-ce qu'elles rient!

Respire l'odeur du foin coupé, écoute le son du merveilleux.Le vent brûlant qui entraîne les peines et fige le temps.

Un avion postal s'éloigne.


Les pétales de fleurs que je détache un à un, méticuleusement, par couleur, par odeur. Sur le petit banc en bois, je broie les précieux papiers vivants avec une cuillère pour en extraire le si doux jus amer. Des verts, des pourpres, des ocres. Souvent il manque un vrai pourpre dans mon laboratoire d'enfant... Alors je vole une grosse rose rouge, de celles qui sont sacrées et qu'on n'a pas le droit de tuer...Les doigts marbrés de fines lisières sang, tatouages parfumés sur ma peau. Quand l'orgue de pigments est enfin prêt, les petits pots bien alignés, je m'assieds, régalée comme par autant de bonbons. Alors je cueille la terre, que je mouille avec l'arrosoir en fer blanc, tellement lourd, tellement grand. Je mêle la matière et l'essence de fleurs. Je m'applique, prenant garde à ne pas tâcher ma jolie robe d'été.J'en fais jaillir des petits animaux: des lapins, des chouettes, des coccinelles et un hérisson. Un hérisson pissenlit, malhabile, fragile, grand comme mon petit doigt. Il est resté là sur le petit banc en bois, à sécher tout un été.
Il est resté là sur le petit banc en bois, à sécher jusqu'à moi.

Dieu que j'en ai saccagé des grosses roses rouges...
Bien sûr vous fermiez les yeux sur mes petites bouillies de fleurs dispersées. Et vous m'offriez du sirop de cassis fermenté dans un verre d'eau.

Aujourd'hui le goût de votre cassis m'est revenu, sucré, tendre à mes lèvres.Et je reste là, dans cette mare de sirop, les yeux fermés, bercée par les effluves de ces belles journées d'été.
Il y a longtemps que vous êtes partie au royaume des grenouilles et des fleurs d'éternité Madame Durantet.
Je garde de vous mon amour pour la terre, les senteurs et toutes ces couleurs.


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Jambon purée, toujours une arrière pensée.


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Le flux

Depuis des jours. Tuer le désir ou bien l'extraire.
Attendre avec avidité de se plonger dans la matière, toute entière.
Voler à l'homme ce qu'il ne donnera pas.
Verrouiller l'espace. Sas hermétique. Plus rien n'existe. Seule la matière.
Et le son.
Plonger dans ses sensations. Malaxer. Caresser. Broyer.Hargneusement. Lascivement. Violemment.
Hybride d'excitation et de frustration.Lutter des heures durant, la terre saccadée, pétrifiée, pénétrée.
L'énergie qui s'empare du corps, brûlant.Vibrer au son, en boucle, sans cesse, mécanique érotique.
Autistique.
Corps à corps avec la matière.Chair à terre. En guerre.
Se passer du sexe de l'homme et engendrer, seule.
Le laid.
Brut, animal, féroce.
Puis le cri.

Le flux s'échappe.


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Le monstre bloguesque

Tout remplir. Tout vomir
Saccager. Vider. Exploser.
Les têtes qui éclatent.

Mon inconstance, mes désordres, ma boulimie des sens.
Mon arrogance de vie.

Et tous les autres. Vous les autres, que je grignote.
Foule androgyne. Multiples impédances humaines.

J'absorbe vos émotions, les particules de vos vies.
Je les mastique, je les mêle aux miennes.
Je les avale.
Je les recrache.

Monstre qui se nourrit de vous derrière son masque de pixels.
Essence.Concentré.Overdose.Jamais assez.Encore.Vous me nourrissez.
Et j'ai faim.




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Juste un baiser

Hier, ce passage là était vraiment bien.

Un boulevard du XIéme.J'avance, musique en tête, pensive. Le cœur des Hommes.
Je l'ai croisé.L'inconnu. La tête ailleurs.
Il s'est approché, maladroit, à ma hauteur : «Vous auriez une cigarette?» «Bien sûr. Sers-toi.»
Il m'observe. Silence. Il s'éloigne.Trouble.

J'ai traversé le Boulevard.Il m'a rattrapée : « Je suis désolé de vous dire ça mais vous êtes très belle».
Il m'invite à boire un café.J'ai souri. Puis j'ai ri : «Désolée, j'ai rendez-vous, je suis pressée».

Un autre regard.
Silence.
Fuck.On va le prendre ce café.

Il est grand, mince. Maigre? Une besace chocolat, vieillie, en bandoulière. Des jeans. Une veste militaire. Sur l'épaule, une croix ou bien peut-être une tête. De mort. Le cheveu brun, la frange qui glisse sur l'œil. Des yeux bleus pâles encadrés par une armature noire. Le nez long, fin, dessiné.
Ses lèvres.
On s'observe.

Il écrit. Un roman déjà. Et puis un autre. Il parle avec parcimonie, douceur.
Je calque son langage.Il me parlera de l'économie des mots, du danger de l'ornement dans l'écriture, de la facilité des figures de style. De la fragilité des ressentis. D'auteurs que je connais, d'autres que j'ignorais. De l'instant, de cet instant où tout bascule. Point break. Des facteurs qui plongent un individu hors normalité.

C'est quoi la normalité?

De synopsis, du squelette d'une histoire. De la difficulté à laisser son personnage évoluer indépendamment de soi.

Plages de silence. Nous sommes des funambules.
Comment je te retrouve?Magwann.Cherche Magwann.Sourire.Je m'échappe vers la bouche de métro.

Et soudain cette pression sur mon bras. Un volte-face.Un baiser. Il m'a volé un baiser tendre, furtif, délicieux.
«Je suis désolé de tout gâcher mais j'en avais très envie».Puis, il s'est échappé à jamais.

Un éclat de rire, un éclat de folie, un éclat de vie.
Ce texto à une amie: «J'aime la vie!>».

Rideau. Métro.

Je retrouve l'ami. Tout est tellement précis, à sa place, en ordre chez lui. Le temps se fige. Des partitions, des livres, de la musique. Il chante l'opéra, c'est ce que j'aime chez lui.
Parfois il m'invite là-bas, à l'opéra. Et je pleure.
Tiens, le piano a disparu.
Vin rouge.

Ce soir il lit Prima Donna.
Il me dit que j'ai pris du poids et qu'il adore ça.
J'enrage. C'est moi ta Prima Donna: égocentrique, déraisonnable, irritable, vaniteuse.

Peux-tu te passer de moi?
Je ne t'aime pas.
Parce que tu me trouves belle et que tu m'aimes, je ne t'aime pas.



Je veux dormir chez toi. Sans toi.
(Voix posée sur "In a Beautiful Place out in the country" de Boards of Canada).

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Ça se mange le rien?

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Petite fille de feu

Petite fille de feu, aujourd'hui j'ai pensé à toi.
Brindille incandescente qui brûle dans ma mémoire.
Visage du Burkina.

Ouagadougou.
L'ocre de tes pistes, ton Fanta chaud, ton beurre de karité, ton tamarin, ton Fespaco, tes bus bondés,tes chargements de coton, tes doigts agiles dans mes cheveux tressés de blanche.
Et ton lépreux albinos qui m'a tendu la main.
Sais-tu lépreux que tu as tué mon Dieu?J'avais 17 ans. Rétine tatouée à jamais.

Petite fille de feu, aujourd'hui j'ai rêvé de toi.

Jolie calebasse qui résonne en moi. C'était un grand jour pour toi. C'était un grand jour pour moi. Tu accueillais les blancs chargés de crayons, de cahiers, de cachets et de petites pierres pour ton école. Et un peigne qui ne te rendra jamais plus belle que tu n'es.

Petite fille de feu, aujourd'hui j'ai souri de toi.

Le crin si fin de mes cheveux te faisait rire -bête étrange- tu m'observais.
Tes amis venaient m'effleurer, amusés, inquiets.
Petite comète, fière que tu es, drapée dans ta poussière de feu.


Chut,ne dis pas au sorcier que je t'ai emportée avec moi...



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Ich möchte ein eisbär sein
Faire chanter les cristaux de glace et réchauffer le sang avec une laine de décibels.

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Brève de Métro

Ce matin dans le métro.
Il s’assied en face de moi.
Plutôt pas mal.

Je me plonge dans la lecture d'un journal, que je viens de trouver sur un siège.
Klaus Nomi dans les oreilles, encore un peu perturbée par cette semaine particulière.

Je relativise à grands coups de « Bon, faut te reprendre là, faut pas déconner non plus, tu bosses pas à la mine, il y a des milliers de gens qui aimeraient faire ton job ! » et de « Allez, arrête ton cinéma, sois plus forte, ça veut dire quoi de couiner comme une gosse, bordel ? T’as pas honte.. ».

Je me mets à sourire de mon propre larmoiement pitoyable, je reprends le dessus et pagine machinalement le journal.

Il m’observe toujours.

Je me dis, en me tortillant sur mon siège : « Oh oh, mazette, même avec mes petits yeux cloqués de poulpe, mon charme agit, héhé ».

Donc, j’en étais là de mes petites pensées vives, lorsque le gars se penche vers moi et me fait des grands gestes.

J’enlève mes oreillettes, je lui fais les yeux de velours, j’envoie avec raffinement mon demi scalpe par-dessus l’oreille, façon Barbara Gourde, et je lâche un « Oui ?» femme fatale.

Et là le gars me dit : « Heu, ‘scusez-moi, vous avez fini avec le journal ? J’peux le prendre ? »

Sans déconner.

J’ai dû être très très méchante dans une vie précédente.
Je ne vois pas d’autre explication ! :-)

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Les cocottes en papier d'idées


Alors que la nuit s’enfonce, ma tête s’emballe.

Les pensées se ramifient en plusieurs petites canalisations qui débouchent sur des multitudes d’interrogations. Les idées coulent et claquent, de longues heures à penser, imaginer, dessiner des univers improbables peuplés de farces et de monstres toqués.

Je griffonne des notes dans les marges de mon là-haut, attrape les couleurs, déroule un cahier d’écolier qui n’en finit jamais. Beaucoup de ces papiers croque-mitainés restent coincés sur l’étagère de mon cervelet, entassés comme autant de petites cocottes en crépon truffé de grains d’idées. Ça piaille, ça se bouscule dans la corbeille de mon coffre à penser. Parfois ces bestioles se déplient tels des origamis handicapés et éclatent d’un coup comme des petites bulles de soda ( avec des plumes) , des fleurs de lotus qui s’ouvrent soudainement dans leurs parois de verre, juste avant d’y plonger la cuillère.

Et alors s’entrechoquent des histoires, des scénarii, des saynètes, des contes, des lubies et quelques folies aussi. Parfois je ris de mes âneries, de mes douces dingueries, dans le silence de ces nuits chéries.
Et parce que je fourmille de coucher ces idées, je plonge mes mains dans la terre, dans les pigments, les pixels, je fabrique des bouts de je ne sais quoi avec un pinceau, un crayon, une souris. Souvent ce qui en sort ne me plait pas, ne raconte rien, n’a pas forcément de sens pour les autres. Mais c’est là. Juste là. Et alors je suis contente, simplement parce que ces petites bulles d’idées qui crépitaient dans mon cerveau ont glissé jusqu’à mes bras, puis sur mes doigts.

J’aime la nuit et la compagnie de mes cocottes en crépon mal plié d’idées .



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Sais-tu, lépreux, que tu as tué mon Dieu?


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Suicide professionnel

Ce soir j’ai vomi ma bile sur le papier. Un mélange de douce hystérie salvatrice et de peur au ventre, car je pars sans filet.Hier Fishturn m’a téléphoné. Il m’a fait rire à m’en claquer les synapses. J’ai tellement ri.
Et puis aussi, il a écrit :« Je déchire l’espace avec ma bouche ».

Moi, je cherche l’espace avec ma bouche, happer l’air qui m’étouffe.

Ce matin j’ai pris le bus, comme tous les matins. Pas de place pour la poésie, pas de synapses qui s’entrechoquent. Je suis passée à la boulangerie. Un croissant. Pour me remplir avant le combat, tasser les arrogantes frustrations bien au fond.Je suis arrivée au bureau.
Sas de compression.
Mon monde empli de couleurs, de folies, de rage de vivre meurt ici un peu plus chaque jour, à la porte de cet ascenseur. J’ai éteint mon lecteur MP3. Un air de ukulélé dans la tête.

J’ai dit: « Bonjour, ça va ?! Et toi, ça va ?!».
Comme tous les matins, j’ai claqué mes lèvres rouge vif sur les joues, amusée que certains se laissent encore prendre au jeu du baiser indélébile et les voir s’agiter souriant-ronchonnant.Mécanique humaine.Mule moderne.

J’ai accroché ma veste derrière la porte et je me suis assise. J’ai levé la tête face à l’écran bleu froid. Feuilles de calcul, rapports d’expédition, reporting, tableaux de bord. Et soudain, comme tous les jours, cette pensée furtive mais tenace : prendre mes affaires et me mettre à courir, au dehors, et rire, rire, et rire encore, ne pas se retourner, ne jamais revenir.


Ce matin, la carte son ne fonctionnait pas. C’est sûrement pour ça tout ça. Oui, c’est sûrement pour ça tout ça.
Ce silence…

Alors. Un clac dans le cortex. Plus vif et incisif que les précédents.Cette contraction venue du ventre, comme pour m'avertir que le temps d’accoucher de soi est enfin venu.Alors, j’ai réorganisé les icônes sur mon bureau. J’ai supprimé toutes les photos de moi sur le réseau. J’ai ouvert Word, la main malhabile, fébrile. Le souffle court. Et j’ai écrit :
« Paris, le 21 janvier 2008 … Remise en main propre …Madame …Je vous informe par la présente que je démissionne du poste que j’occupe dans votre entreprise…».

Chirurgical. Sans anesthésie. Amputation d’urgence, patient gangrené, risque d’infection généralisée.

J’ai pris la lettre, je l’ai soigneusement pliée en trois, j’ai lissé la brisure de la feuille avec la paume. Doucement. Un gros bouillon de sang dans la tête. Les autres humains sont là dans mon espace, à le déchirer par leur présence. Je les regarde, un étrange sépia se dessine au ralenti. Interférence.J’ai glissé la feuille dans l’enveloppe. Je me suis levée, les cuisses déjà chaudes et moites de la course qui m’attendait. Les mots sont sortis, simples, volubiles, maîtrisés. Une longue autodictée récitée chez moi le soir en rentrant de la classe des grands.

Je leur ai dit : « Ici, je meurs un peu plus chaque jour, je pars, c’est une question de survie ». Mes larmes ont roulé, les leurs aussi. Mais les miennes avaient le goût sucré de la liberté.Folle, inconsciente, kamikaze, funambule, terroriste d’entreprise.On appelle ça un clash, un hiatus, un coup de folie, un coup de vie. Une chance.

Aujourd’hui je me suis prise en hold up. Il n’y a pas eu de blessé, personne ne cherchera à me rattraper. Et je m’emmène loin, sans regret, sans arme pointée, seule vers mon point cardinal.

Je sors d’un coma qui aura duré quatre années. Et je respire le sang à nouveau affluer.

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Le réparateur

Ou comment revisiter les meilleurs moments de la bibliothèque rose à Montréal...

Il y a une quinzaine de jours, la daube qui me sert d'ordinateur s'est à nouveau enraillée. Lasse d'avoir booté et rebooté la bête sans succès, je me résigne à faire appel à un réparateur.
Le gars au téléphone a une voix grave et chaude. Rendez-vous est pris pour le lendemain.

Je m'impatiente, le gars a du retard. Je déteste attendre. Je rappelle le bonhomme, un brin agacée. Il me répond qu'il vient d'arriver. Je jette un rapide coup d'œil par la fenêtre et aperçois dans la rue... une bombe atomique. Pas moins.

Je cligne des yeux façon cartoon et me retourne en crash test contre le mur, sueur au front, priant le Dieu du Toblerone que cette divine apparition ne vienne pas sonner chez moi.C'est quoi ce plan foireux hein? CA RESSEMBLE JAMAIS A ÇA UN RÉPARATEUR! Un réparateur c'est bedonnant, avec une grosse moustache et les joues minées par la couperose, nan? Ah ben nan.

Dring dring.

Je prends une bouffée d'hormone, heu non, pardon, d'AIR, et j'arrache, non, pardon, j'OUVRE la porte avec mon sourire number five ( juste après le sourire number 4 qui dit " Je vais être trèèèèès aimable et trèèèès coopérative " et avant le number 6 qui dit : " Toi, TRÈS bon miam miam! ").


Fracture de l'œil droit.
Un silence. Le genre de moment où vous savez d'instinct qu'il se passe quelque chose de hot, de très très hot. On s'observe comme deux poules qu'auraient trouvé un pass navigo. On bafouille comme deux nigauds et j'ai la sensation étrange d'avoir basculé dans un épisode touche pipi d' M6. A ce moment là de l'affaire, je passe en Protocole d'urgence: ne pas paniquer, rester calme, (haleter), ventiler, et surtout, SURTOUT, éviter de glousser comme une dinde, ce qui en l'occurrence relève d'un effort contre nature chez moi. Sauf que, et COMME TOUJOURS dans ce genre de situation bien connue de mes services, je fais absolument tout ce qu'on ne doit JAMAIS faire : et vas-y que j'te fais des petits battements d'ailes, brassant l'air soudainement devenu torride, tout en accompagnant ce spectacle navrant de petits rires stridents, sans oublier les clignements d'œil intempestifs! Monstrueux... Le pire dans ces cas-là, c'est d'avoir pleinement conscience de son implacable bêtise sans pouvoir en contrôler la moindre miette. Bug intégral. Je me sens comme comme une ado en pleine bouffée hormonale. Tout pareil.Les boutons en moins.Une dinde sous champi aurait plus d'allure...


Nous voilà donc sur le pas de la porte. Première difficulté: les escaliers. J'avais oublié cette putain de rampe d'escalier! Toutes les femmes vous diront que monter un escalier devant un homme est soit un chemin de croix soit un orgasme narcissique intense selon la tenue des airbags arrières. Et là en l'occurrence, c'est plutôt modèle vintage année 77...Parfois faut savoir rester humble.

Alors ni une ni deux, je catapulte avec autorité le dindon sur la première marche .. et savoure la virile ascension du bestiau.

La pression monte: l'ordi se trouve dans ma chambre...Je regrette déjà d'avoir laissé tourner sur la platine ce bon vieux Anita O'Day...On aurait entendu gueulé " Le réparateur boot et reboot à domicile ", scène 1, 2éme prise, moteur! " que ça m'aurait pas étonnée....

Okay. Nous voilà donc dans ma chambre. Lui, assis face au bureau, moi, derrière lui, chastement assise sur mon lit, en mode anti open bar.
On commence à parler. Je ne sais pas pourquoi, mais d'un coup je me découvre un intérêt très prononcé pour la technique informatique! Trois heures d'une discussion assidue, ponctuée de rires et de regards appuyés. Un truc se passe, c'est certain. Hot stuff. Par moments je le surprends à m'observer dans le reflet de l'écran, nos regards se croisent, mes pattes se décroisent. Dorcellite aiguë. Je me traine de la chambre au salon comme une limace. Pipi culotte.

Trois heures de délicieux supplice. Il me pose des questions, passe ma vie au scanner et moi j'ai le bulot en happy hour! ( oui, je sais, c'est classieux). Il est français avec un petit accent du sud qui fait sauter mon champ de cigales déchaînées.

On en était là de nos petites affaires lorsque l'ordi se met miraculeusement à fonctionner ( saloperie de PC, autant dire que je l'avais oublié celui-là, et même qu'il aurait cramé sur place que j'aurais presque adoré...). Soupir.
J'en étais donc à me demander comment amorcer un prochain rendez-vous, passant en revue les possibles bugs nécessitant un ramonage, pardon, un DÉPANNAGE express, lorsque le gars me dit, un brin gêné (sisi, je l'ai bien senti!) :
"Tu verras, quand on vient ici, on n'en repart pas. D'ailleurs, moi et ma copine on a acheté un appart ici..."

End of the story.

Le plus difficile dans pareil cas, c'est de continuer à sourire poliment en mode Miss France, ravalant le tremblement des bajoues, et ce sans trahir un instant l'envie néandertale de fracasser une chaise ou deux en criant Capt'ain Fracassssssssssssseeeeeeeee !!!

Et lui de rajouter : "Appelle-moi dans la semaine pour me dire si ton ordi fonctionne bien, parce que dans mon métier, on m'appelle toujours en cas de problème, jamais pour me donner de bonnes nouvelles..."

3minutes 25 secondes. Pas plus. Catapulte-couloir-escalier-porte-palier.

Le pire, c'est que je l'ai effectivement rappelé...mon ordi a claqué le soir même... ;-)

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Les choses
Une fille
Marcher seule la nuit dans les rues et aimer ça

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Bloguer c'est comme se masturber dans l'œil de l'autre.
Écarter les cuisses, viol autorisé de l'intime.
Un gigantesque bukkake électronique.
Des litres de flux déversés sans pudeur.

Jouissance sous capote numérique.
Réceptacle de fantasmes, frustrations, perversions.

Parfois.

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Il était une fois, une nuit..



Cette nuit, j'ai traversé un conte.
Une histoire d'allumettes, de princesses, d'un bossu, de couleurs, du Prince Bleu et d'araignées.
Indomptable rage de vie.

Avant,

Le jeune Chinois.
Je lui achète mes cigarettes. Il voit souvent arriver cette fille la tête un peu ailleurs, le jeune Chinois.
Il m'accueille toujours avec un grand et vrai sourire. Il a les yeux rire.
On parle de terres d'ailleurs, des lubies du temps, des gens d'ici et de là-bas.
Je fais toujours mine de ne pas me souvenir du nom des brûle-poumons qui oxygènent mes nuits. Et lui aussi.
A chaque fois.

Alors je lui souffle: "bleues.Elles sont bleues". En petit paquet. Pétille à l'oeil, il entre dans mon jeu:
il tâtonne une à une les rangées de couleurs, attentif, jusqu'au mot magique: " Oui! Celles-là"!!
Ensuite, il m'offre des allumettes, le jeune Chinois.
A chaque fois.
Il ouvre une petite boite en carton comme s'il m'offrait les plus belles pierres de son coffre à joyaux. Le rose aux joues, je pioche dans son trésor avec gourmandise et j'en remplis mes poches comme une gamine.
Puis il me glisse: "Fais attention à toi...".
A chaque fois.

Ses allumettes ouvrent mes nuits et j'aime à penser qu'elles me protègent.


Après,
Une ombre s'est approchée dans le scintillement de la neige. Une femme, vêtue de noir. Elle m'a demandé du feu pour griller son crève-poumon. Je lui ai donné une boite d'allumettes.
Nos sourires se sont mêlés. Et puis elle a disparu au coin de la nuit. Ombre brouillée. J'aurais voulu lui dire, à la femme en noir, que c'était le joyau d'un jeune Chinois qu'elle emportait entre ses doigts.

Après,

Sur le sol de ce métro. Là où les ombres s'animent. J'ai croisé le regard d'un homme sur le quai d'en face. Vêtu de noir.De peau.Il s'est arrêté.Immobile.Il a observé la fille aux poches pleines d'allumettes.

Soudain, il s'est échappé en courant vers les escaliers.
En entrant dans la rame, je l'ai vu, à quelques mètres de là. Il avait couru jusqu'à moi. Il s'est assis quelques places plus loin. Quand il m'a observée, j'ai souri à son reflet, pensant: "Je n'ai pas de pantoufle de vair, tu sais. Mais sais-tu où se trouve mon Prince Bleu?".
J'ai songé aux innombrables princes et princesses qui se cherchent dans les couloirs de l'existence sans jamais se trouver.
Puis je me suis échappée, en courant vers les escaliers.

Après,

Dans cet endroit au nom qui fait sourire les enfants et les grands. Cette grosse araignée. Et puis cette autre. Je repense à celles de Louise Bourgeois que j'ai effleurées, un jour à Paris. Matrice.
Et puis j'ai croqué en couleurs le visage de cette douce et belle amie. Miroir... aux yeux de celui qui t'aime, oui, tu es la plus belle.


Après,

Je suis dehors, devant la porte de ce restaurant. J'ai laissé les autres au chaud avec leurs discussions de grands.
Je brûle les blondes, la face au vent.Je joue avec une troisième, la prochaine.
Telle une araignée dégingandée, un vieux est arrivé, bossu par le poids des sacs mités, sa maison harnachée sur le dos,

Il m'a dit:
"Je peux t'acheter une cigarette ?"
"Je te la donne, la cigarette"

Le vieux bossu a approché un briquet usé près de ma gorge. Un briquet vert foncé. Mais le feu était fébrile, fatigué et engourdi par les longs voyages. Avec l'application d'un enfant, le bossu a soufflé sur la poussière qui enraillait la pierre. J'ai vu les traces de poussière se dessiner dans l'air, interdite, fascinée par ce geste d'une telle beauté. Mais le vent cinglant a éteint le foyer..

Alors le vieil homme a ôté le mégot fumant de sa bouche et l'a porté à ma troisième cigarette, la prochaine, juste à l'entrée de mes poumons, pas si loin du cœur. De sa main grise, j'ai aspiré l'air de feu, des lumières incandescentes accrochées tout au bout.
J'aurais voulu lui dire: "Tu sais, je voulais te donner des allumettes, c'est un jeune Chinois qui me les a offertes, mais puisque tu veux me confier une flamme, je la prends et je la garderai vive, longtemps".

Après,

J'ai recroisé le bossu, les fondations de sa vie accrochées à ses reins.
Dans l'avenue enneigée, trois matelas abandonnés, recouverts d'une écume de glace. Et je pense à ton lit de poussière, toi, l'amie qui est partie et à toutes les couleurs que tu ne vis plus.

Dans les contes de fée, on peut réveiller les morts par un baiser. Je lève la tête au vent, Modern love de Bowie dans le cortex .. .puis je souris.
Je suis rentrée avant minuit. Le temps de griller quelques allumettes.

Cette nuit, les vents étaient furies, les paillettes de neige virevoltaient au creux du sentiment profond d'être vivant.
Les contes de ma vie ne vieilliront pas. Je les garderai tatoués en moi jusqu'au jour où je ne pourrai plus modeler la terre que par l'empreinte de mon corps froid.


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Un clin d'œil toutes les trois secondes.
Et 21 grammes.

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Une autre nuit




Il s'appelle Francis.

Il est là, le vieux, dans le hall de cette banque vers Mont-Royal.Il doit être 23 heures, il doit faire -20 degrés dans les rues de Montréal.Il se réchauffe, le vieux.Il m'accoste avec la verve d'un comédien.
Ses relans d'alcool me prennent à la gorge.Il porte un bonnet de Père Noël en feutrine bon marché.Il serre ma main gantée puis la porte à sa bouche dans un baise-main malhabile. Sa paume est noire, des traces cuivres dans les sillons.

"Tu vois, je vais colorer ma barbe tout en blanc, là, partout! Et puis je vais mettre mon costume rouge et avec d'autres Pères Noël on va aller voir les enfants!!
Alors, tu vois, j'ai mes bières dans le coin, là, elles sont vides, mais il y a une dame qui m'en a acheté une tout à l'heure! Et puis ça m'a bien réchauffé!Et il me manque 35 cennes pour m'en payer une autre.."

Tout en l'observant, je fouille dans ma sacoche. Il sourit de ses dents abimées. Un grand sourire d'alcool chaud. Je tends un dollar. Il me répond avec malice: " J'rends pas la monnaie!".
Je ris.

"Tu as de belles dents, elles sont toutes blanches!".

Il m'a demandé mon prénom. Puis mon numéro de téléphone, pour la blague. Ensuite,je l'ai laissé là, dans ce hall, le vieux.
Des gens, nombreux, sont entrés. Il m'a crié: " Je n'oublie jamais un prénom!Jamais."

Sur le chemin du retour, j'ai raté ma station de métro.Je suis passée chez le jeune Chinois et j'ai acheté une bière. Une seule.

Une Belle Gueule.

Francis, je n'ai pas retenu ton prénom.
Mes dents sont toutes blanches.
Tout à l'heure, avant de me coucher au chaud des draps, j'irai les laver.
Avant, je vais finir de classer les photos de cette autre nuit,où seules les lumières d'hiver interpellent et figent l'attention des hommes.

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Une histoire de nombrils

Et une histoire de coqs aussi. Bestiaire humain.

Hier je voulais me nourrir de moi, en tête-à-tête avec ma chère solitude, bercée par la musique. Puis, il m'a invitée le musicien, avec les autres musiciens. Il rentrait de Cuba.

Sur le chemin, j'ai croisé le jeune Chinois devant sa boutique. Il chassait la neige devant chez lui. Tout sourire, il m'a dit:
- "Joyeux Noël!".
- "Je t'avais dit que je voulais rester seule ce soir, et puis..."

Je n'ai pas acheté de crève-poumons. Pas cette fois. Et je n'avais pas d'allumettes non plus sur moi.

Là-bas.
Le musicien. Il a cuisiné de la viande aux épices, un riz fleuri, la cardamome en parfum, les asperges vertes et puis une sauce aux fruits, rouges les fruits.
Il a aussi apporté du Rhum d'ailleurs. Il chante et fait danser ses mains sur les cordes de sa guitare. Il m'a dit: "Je pense beaucoup à toi".

Et puis ces deux autres vieux musiciens, violons chevillés au corps. Je les connais bien maintenant.
Et aussi ce clown magicien. Il me serre dans ses bras, respire le parfum dans mon cou. Je n'aime pas ça. Me touche pas. L'autre fois déjà, devant les autres, tu as levé le tissu qui couvre ma peau, pour un tour de magie,disais-tu. De mon nombril tu voulais faire jaillir la fumée.
Crispée. Affolée. Me touche pas. Je lui ai dit: "Lis le Miasme et la Jonquille".Lis ce qu'écrit Corbin, l'historien du sensible. Tout comme les parfums peuvent enivrer, il y a des distances symboliques à respecter. Il fait des tours de magie, vole mon bracelet en cuivre qui ne me quitte jamais, cramponné à mon poignet. Je ris.Habile.

En me serrant la taille, il m'a glissé:
-" Je sais qu'il y a un désir entre nous.."
-"Tu te trompes".Je me suis libérée de son étreinte poison. Clown, fais-moi rire mais ne pose pas tes mains sur moi.

Plus tard, les violons et les guitares se sont accordés, pour elle, pour toi, ma chère Louve, dans ta chambre en Belgique.Combat de coqs ici cette nuit, déploiement de plumes et de crêtes. Les Hommes sont Bêtes lorsqu'ils ont faim.Je vous vois parader devant la fille qui sent la fumée. Vous pouvez ranger vos violons. Je n'ai pas le cœur musical.

Étrange réveillon. Émouvant aussi.

J'ai aligné les rhums. Je suis restée avec le vieux violoneux. On a parlé jazz, blues, photos et comédies humaines tard dans la nuit. Bonne nuit, toi, qui n'as pas cherché mon lit.
Dangereuses les rues, la nuit, pour une fille qui prend l'alcool. Alors, j'ai dormi dans cette chambre, les violons comme compagnons.

6h32-6h32-6H32
six heures trente deux

Une sonnerie au loin.
Ma petite soeur, en larmes de pudeur, face à sa grande soeur:
" J'ai quelque chose à t'annoncer. Je vais être maman. En juillet".

Juillet.
Je n'aime plus juillet.

Je ne sais pas si j'ai pleuré, brouillard de Rhum. Je me suis rendormie.Je l'ai eu mon joli cadeau. Si beau. Si beau.

Et puis je suis partie, Space Oddity dans le cortex. Le sol des rues est gelé, je glisse, me rattrape.
Un bonheur immense teinté d'étrange mélancolie. Les larmes sucrées, salées, roulent en filet silencieux. De vie pour elle, de vide pour moi. Mon ventre est creux, mais j'ai la tête pleine à craquer, fœtus mal arrangé.

Cette nuit des musiciens et un clown magicien n'ont réussi à me voler qu'un bracelet en cuivre. La vie, elle, m'a pris une petite sœur pour me donner une femme, une mère.

Et j'emporte avec moi de belles mélodies.

Un jour il faudra bien que j'entre dans la danse. Ce ne sera pas pour une valse mais sur air disco avec des sursauts de blues.
Une nuit, je serai vieille, peut être. Alors, il m'arrivera sûrement d'espérer qu'un clown veuille encore découvrir mon nombril fripé et qu'il respire au creux de mes plis l'histoire aigre-douce d'une fille qui n'a pas su aimer. Capricieuse jeunesse. Arrogante existence, je n'arrive pas à te dompter.

Et Falling out of love de Mary Gauthier.
Falling out of love is a dangerous thing. I am flesh and blood, and my body hurts.Trouver le cortex qui m'électrise. Le reste n'est que chair et sang.

J'ai songé, tout ceci, au final, se résume à une histoire de nombrils:
Un nombril qui donne la vie.
Un autre qui se cache.
Ce même autre qui n'en finit pas de tourner en périphérie de lui-même, sans parvenir à trouver son cordon ombilical.

Le temps des cigales s'achève. Emportée la chère solitude de mes nuits.Demain, il faudra que je cours à nouveau les agences pour nourrir le porte-monnaie.

Impermanence.

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Hier il m'a invitée à diner.Le musicien.
Non non-merci.
Je n'ai pas faim. Tes notes n'ont pas de goût, elles glissent sur mon palais.
Je veux manger des pigments.
Rouge Cardinal ou Rouge Carmin.

En camaïeu.





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Vert

Je broie du noir. Je chante du rouge.
Je verse du bleu. Je vois du vert.
Tout autour.

Ce rêve, l'autre nuit.
Un nouveau né dans une baignoire, à l'agonie. Un tout petit bébé. Il suffoque.Je cours, je cours, je cours vers lui, coeur en hurlements, veines en battements.Dans mes mains, petite statue de froid que la patine du temps n'a pas encore caressée.Le vert sombre en peau de sclérose.
J'entrouvre sa bouche pour y ôter les vomissures qui l'étouffent.
Puis souffle l'air dans ses bronches, pétrie son coeur haletant.
Larmes d'attendre.Le silence bouillant aux tempes.Respire,respire,respire...

A nouveau, il est né, ses yeux grands ouverts. Deux petites agates noires bleutées. J'y lis tant de terreur...L'instant d'après, il est froid.Sa mère. Là. Je la vois. Elle couvre sa bouche. C'est elle qui l'étouffe.Sursaut..

Et ce doute qui me prend la gorge, assaille la jugulaire. Mes croyances, mes pulsions, mes élans, mes peurs, mes incompréhensions, mes actes manqués, mes rages, mes erreurs, mes faux semblants, mes dépendances, mes impudeurs, mes inconstances, mes injustices, mes regrets, mes lâchetés, mes mirages mes mirages mes mirages.
Et tout autour, le vert.
Un vert océan, un vert chlorophylle, un vert hagard, un vert secondaire qui tend vers le primaire.

Après
J'ai longtemps cherché ces deux fleurs de thé vert.
Il est écrit: « Evasia, Thé vert, fleur d'amour ». Je les garde recroquevillées au creux de moi. Les nervures accrochées au gelé. Je les réchauffe de ma paume. Elles sont là, dans ma main et je suis incapable de les faire s'ouvrir..
Pourtant. Quelques perles d'eau. Juste un léger filet chaud. Goutte après goutte.

Pendant
Dans mon reflet.
Mambô miroir.
N'y voir que l'inachevé. Douter, toujours douter.De l'or de mes mains, du velour de mes chairs, du gris de ma matière.

Toujours.
Graines et nouveaux-nés, verts de vie, qui ne demandent qu'à éclore. Maïeutique des pixels, avortement perpétuel de foetus mal arrangés.Enceinte de moi, je me fais du bouche à bouche et lutte pour oser m'accoucher.Date de naissance? Non déterminée. Forceps préconisés.

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